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El Salvador persiste avec le Bitcoin : 8 nouveaux BTC ajoutés aux réserves

El Salvador continue de défier les recommandations internationales en renforçant ses réserves de Bitcoin. La semaine dernière, le pays d’Amérique centrale a acquis 8 Bitcoins supplémentaires, portant son total à plus de 6 173 BTC, d’une valeur de 641 millions de dollars, selon les données de l’Office national du Bitcoin. Cette démarche intervient malgré un accord de prêt de 1,4 milliard de dollars signé avec le Fonds monétaire international (FMI) en décembre 2024, qui imposait des restrictions strictes sur les achats publics de cryptomonnaies.

 

Depuis qu’El Salvador a adopté le Bitcoin comme monnaie légale en 2021, aux côtés du dollar américain, le président Nayib Bukele a fait de cette cryptomonnaie un pilier de sa politique économique. Malgré les pressions du FMI, qui a averti à plusieurs reprises que ces achats exposent le pays à des risques financiers, Bukele reste inflexible. « Si le monde nous a ostracisés et que même les ‘Bitcoiners’ nous ont abandonnés, cela ne nous a pas arrêtés. Ça ne s’arrêtera pas maintenant, ni à l’avenir », a-t-il déclaré sur X le 4 mars 2025. Cette position illustre une volonté de transformer El Salvador en un pionnier mondial de l’adoption des cryptomonnaies.

L’accord avec le FMI, signé pour stabiliser l’économie, encourager les investissements étrangers et restructurer la dette nationale, incluait des conditions claires : le secteur public devait cesser d’accumuler volontairement du Bitcoin, que ce soit par des achats directs ou via des activités comme le minage. Seuls les Bitcoins obtenus par des saisies ou des actions légales étaient exemptés. Cette restriction concernait toutes les entités publiques, y compris le portefeuille Chivo, l’Agence administratrice des fonds Bitcoin, ou encore l’Office national du Bitcoin. Pourtant, El Salvador a continué ses acquisitions, ajoutant 144 BTC à ses réserves depuis la signature de l’accord, selon des données compilées jusqu’en mars 2025.

 

Cette stratégie a suscité des inquiétudes parmi les économistes internationaux. Le FMI a souligné que l’achat continu de Bitcoin avec des fonds publics pourrait accentuer la volatilité fiscale du pays, déjà confronté à des défis macroéconomiques comme un déficit budgétaire élevé et une dette importante. Certains experts estiment qu’El Salvador s’expose à des risques financiers inutiles, surtout dans un contexte où le marché des cryptomonnaies reste imprévisible. En mars 2025, le FMI avait réitéré ses conseils d’arrêter ces achats, mais Bukele a rejeté cette demande, préférant miser sur le potentiel à long terme du Bitcoin.

Malgré ces critiques, la démarche d’El Salvador inspire certains acteurs de l’industrie crypto. Des leaders du secteur voient dans cette politique de réserve nationale une possible source d’inspiration pour d’autres pays. La persévérance du pays a déjà attiré des entreprises comme Bitfinex et Tether, qui ont déplacé leurs sièges sociaux à El Salvador en début d’année, renforçant son statut de hub crypto mondial. De plus, des projets comme l’aéroport de Bitcoin City, en construction depuis février 2025, montrent que le pays ne se contente pas d’accumuler des Bitcoins, mais cherche à bâtir une économie autour de cette technologie.

 

Avec des réserves dépassant les 641 millions de dollars, El Salvador se positionne comme un acteur unique dans le paysage mondial des cryptomonnaies. Alors que le FMI doit effectuer des évaluations en juin, juillet et décembre 2025 pour vérifier le respect de l’accord de prêt, la tension entre innovation financière et stabilité économique traditionnelle reste palpable. Bukele, lui, semble convaincu que le Bitcoin est l’avenir, même si cela signifie défier les institutions internationales. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits ou si elle exposera le pays à des turbulences économiques majeures.

 

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